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Fini l’époque où les patrons faisaient passer des entrevues aux candidats en leur posant des colles pour les mettre à l’épreuve. De plus en plus, ce sont les employés qui magasinent leur boulot et qui demandent aux entreprises ce qu’elles ont à leur offrir.
Cette affirmation semble exagérée?? Elle décrit pourtant la réalité dans un nombre grandissant de secteurs. Bienvenue dans le nouveau monde du travail?!
«?On assiste à un revirement du marché en faveur des travailleurs, dit Florent Francœur, PDG de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. On ne devrait pas se heurter à une pénurie généralisée de main-d’œuvre, mais il y a une rareté dans plusieurs domaines.?»
Les entreprises ont de la difficulté à pourvoir les postes qui demandent des compétences très pointues. Tellement que la Chambre de commerce du Canada a placé cet élément au premier rang des 10 plus importants obstacles à la compétitivité des entreprises, parlant même d’une situation «?désespérée?».
Dans à peine trois ans, le Québec devrait connaître son taux de chômage le plus faible depuis 1969, soit 6,5 %. Les économistes d’Emploi-Québec prévoient même que ce taux fondra à 5,2 % en 2020, ce qui est près du plein-emploi.
Cette situation place les travailleurs en position de force par rapport aux employeurs. «?Les candidats compétents peuvent magasiner leur emploi, dit Nathalie Martin, présidente de la société d’orientation Enjeux Carrière. Les candidats posent autant de questions que l’employeur. Ils veulent s’assurer que l’emploi et le milieu de travail correspondent à leurs valeurs, parce qu’ils ont des attentes très élevées.?»
D’ici 2015, il y aura au Québec 730 000 postes à pourvoir. La majorité (70 %) seront vacants par suite de départs à la retraite, tandis que les autres seront attribuables à la croissance économique. Sur ces 220 000 nouveaux emplois, 92 % seront dans le secteur des services.
Un brin d’incertitude plane tout de même en raison des nuages gris qui s’accrochent dans le ciel économique en Europe et aux États-Unis, et qui incitent les employeurs à se montrer prudents.
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Maxime Durand, 26 ans – Historien à Ubisoft
Campement d’hiver de George Washington à Valley Forge. Incendie de New York en 1776. Massacre de Boston. Combats à la pointe du mousquet. Batailles navales. Architecture. Vêtements… Chaque élément historique d’Assassin’s Creed III, le nouveau jeu vidéo d’Ubisoft, en magasin le 30 octobre, a été vérifié et approuvé par Maxime Durand.
Ce bachelier en histoire de l’Université de Montréal a été recruté en 2010 comme historien-recherchiste. Sa mission?: effectuer une recherche en vue de l’élaboration du troisième opus de la populaire série Assassin’s Creed, qui se déroule durant la guerre de l’Indépendance des États-Unis. «?Le joueur s’immergera totalement dans le 18e siècle, dit-il. Et participera aux moments marquants de la révolution américaine.?»
Un emploi rêvé pour un jeune homme féru de jeux vidéo, qui se destinait à l’enseignement. «?Je ne croyais pas jouer un rôle aussi important. Or, on m’a confié énormément de pouvoir et de liberté.?» Et alors qu’il avait été recruté sous contrat pour le temps de sa recherche (qui a duré deux ans et demi), Maxime a finalement décroché un poste permanent comme coordonnateur de production.
D’autres historiens sont en poste à Ubisoft, mais leurs tâches ne sont pas toujours liées à leurs études. Par exemple, l’un d’entre eux travaille comme «?écrivain?» (histoire et dialogues de jeux) et un autre comme acheteur. (Texte : Isabelle Grégoire)
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Photo : Jean-François Bérubé
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Clik here to view.La rareté de la main-d’œuvre pousse donc les salaires vers le haut, mais pas à des niveaux stratosphériques?: selon une étude de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, l’augmentation moyenne est de 2,6 % pour 2012. Les secteurs de la finance et de l’assurance remportent la palme des plus fortes hausses, avec 3,3 %.
«?Au moment de la récession, en 2008, beaucoup de grandes entreprises ont revu à la baisse leurs échelles salariales. C’était un marché d’employeurs, et ceux-ci pouvaient aller chercher les candidats qu’ils voulaient?», rappelle Guy Larivière, directeur de la recherche de CFC Dolmen, une importante société québécoise spécialisée en ressources humaines. Malgré une économie plus favorable, les employeurs ne sont pas encore prêts à augmenter tous leurs salaires. «?Mais dans les dernières années, on a vu de plus en plus de primes à la signature, dit le spécialiste. Les employeurs doivent offrir un bonbon pour attirer les candidats.?»
Quand ils ne peuvent délier les cordons de leur bourse, les patrons proposent d’autres avantages aux candidats convoités, comme une meilleure sécurité d’emploi ou une réduction des heures de travail. Des valeurs qui ont une grande importance aux yeux des nouvelles générations de travailleurs. «?On s’en tient de moins en moins aux deux semaines de vacances minimales, signale Laurent Vorelli, consultant pour la société de recrutement Adecco. Les employeurs sont aussi plus ouverts aux horaires flexibles et à la possibilité de travailler à domicile.?»
Les difficultés de recrutement amènent parfois les employeurs à revoir à la baisse leurs exigences d’embauche. «?Par exemple, si on demandait un diplôme de 5e secondaire pour un emploi de machiniste, on va maintenant accepter des candidats sans diplôme d’études secondaires, explique Louis-Philippe Tessier-Parent, économiste à Emploi-Québec. Les entreprises font plus de formation à l’interne, selon leurs besoins, qui sont de plus en plus pointus.?»
Un danger guette toutefois les jeunes qui auraient envie de décrocher pour aller travailler avant la fin de leur secondaire. «?Plus le marché du travail s’améliore, moins les jeunes étudient, parce qu’ils peuvent se trouver du travail facilement, observe Louis-Philippe Tessier-Parent. Mais lorsqu’une période de ralentissement arrivera, s’ils perdent leur emploi, il leur sera plus difficile de se replacer.?»
Les travailleurs peu scolarisés risquent aussi d’être cantonnés dans des boulots sans grandes possibilités d’avancement. «?S’il vous manque les bons diplômes, vous n’aurez pas accès à des postes de responsabilité, note Guy Larivière, de CFC Dolmen. De plus, si les employeurs trouvent trop peu de candidats formés au Québec, ils pourraient se tourner vers l’étranger, où ils peuvent trouver de la main-d’œuvre scolarisée, multilingue, qui a parfois des exigences salariales moindres que celles des Québécois.?» Selon le spécialiste, dans des domaines comme les mines ou l’aéronautique, les employeurs ont ce réflexe de se tourner vers l’étranger pour recruter des employés très spécialisés.
La main-d’œuvre plus âgée, parfois victime de discrimination de la part des recruteurs, pourrait trouver son compte dans ce marché de l’emploi. «?Les employeurs n’ont d’autre choix que de changer d’attitude à l’égard des travailleurs plus âgés, soutient Jacques Létourneau, vice-président de la CSN. Alors qu’on les poussait vers la retraite, on tente maintenant de les convaincre de revenir.?»
Ce resserrement du marché de l’emploi signifie que les responsables des ressources humaines occupent un rôle de plus en plus important au sein des entreprises. Ils se retrouvent d’ailleurs sur la liste des 156 emplois offrant les meilleures perspectives. «?Il y a quelques années, une entreprise qui affichait un poste en ressources humaines pouvait recevoir 2 000 CV, dit Florent Francœur, de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Aujourd’hui, elle en recevra de 2 à 5. Il y a une importante rareté dans notre domaine, donc d’excellentes perspectives d’avenir?!?»
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Les cinq secteurs où les perspectives d’emploi sont les meilleures
1. Santé et assistance sociale (éducatrices en garderie, aides à domicile, infirmières, etc.)
2. Services professionnels, scientifiques et techniques (informaticiens, ingénieurs, techniciens en génie, en chimie ou en biologie, etc.)
3. Commerce de détail (mécaniciens, directeurs de magasins, commis, bouchers, etc.)
4. Finance, assurance, immobilier et location (agents d’assurances, agents de service à la clientèle, analystes financiers, experts en sinistres, etc.)
5. Hébergement et restauration (cuisiniers, serveurs, réceptionnistes)
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730 000 postes seront à pourvoir d’ici 2015
70 % d’entre eux seront vacants par
suite de départs à la retraite
30 % seront créés grâce à la croissance économique, soit 220 000 nouveaux emplois, dont 92 % dans le secteur des services
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